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mercredi 12 janvier 2011

Shiva et le linga

Shiva fait partie  des dieux souverains avec Vishnu et Brahma ; si Brahma est l'artisan créateur, et Vishnu le préservateur, celui qui veille au maintien de l'harmonie, Shiva est à la fois le destructeur, celui qui danse sur la monde qui s'effondre sur lui-même, mais aussi le créateur, celui qui fait jaillir le nouveau monde ....
Multiples représentations :
- vêtu simplement d’un pagne en peau de tigre, il tient une hache et un épieu, un serpent s’enroule autour de son cou, un croissant de lune orne son chignon.

- seigneur de la danse, il porte un collier de cranes autour de son cou, un serpent au poignet, l’une de ses mains tient une coupe où brûle une flamme, l’autre un tambourin. Son corps est entouré de flammèches, chacune représentant un des innombrables univers qui se succèdent indéfiniment. Il écrase un démon dans sa danse.

- ascète, un troisième œil est ouvert sur son front.


Il est vénéré sous la forme d’un linga : phallus érigé de Shiva dont le sperme féconde les eaux originelles chaque fois qu’un univers doit apparaître.
L’étymologie première renvoie à « signe » ou « marque » ou « symbole » ; dans l’hindouisme, le linga désigne le phallus érigé en tant que symbole de la virilité et du pouvoir fécondateur de Shiva. Sculpté en ronde bosse, il indique que tel sanctuaire est dédié au culte du dieu même s’il n’y a pas d’autre représentation iconographique. Il est représenté par une colonne de pierre (parfois de métal) sur un socle. La plupart du temps, on utilise une représentation épurée, simple cylindre ou colonne octogonale au sommet arrondi. Dans certaines représentations, le socle autour de la colonne est légèrement creusé pour figurer une vulve (yoni), moment de l’acte fécondateur. Notons que la vénération du linga consiste à en arroser le sommet de beurre fondu …
On trouve le linga dans les temples khmers comme celui-ci :  


Mais on rencontre aussi de nombreux temples où il esst absent :

ou encore :

En effet, notre guide Kim avait bien raison de stigmatiser ces prédateurs (et parmi les plus célèbres, il faut compter un certain Malraux, qui fut notre ministre de la Culture) qui pensaient que ces pièces seraient sans doute mieux hors du Cambodge....
Ceux-ci sont au musée Guimet ...

On notera la base de section carrée,
Symbolisation de Brahma (le créateur) ;
La partie médiane de section octogonale,
Symbolisation de Vishnu  (le préservateur)
Et la partie finale cylindrique, (destruction/création


Le linga est aussi représenté sous sa forme canonique : un triangle pointe en haut,  le yoni (le cadre ou la vulve d'où émerge le phallus) triangle pointe en bas, les deux réunis formant un étoile à six branches.


mardi 11 janvier 2011

Garuda

Quand on parle des convoitises qu'éveillent les trésors issus du barattage de la mer de lait, il faut réserver une part spéciale à l'amrita (ou ambroisie) , boisson qui confère l'immortalité ; les démons tentent de s'en emparer, Vishnu, en rusant la rend aux dieux , et Garuda prend part également aux péripéties ....

Garuda

Animal emblématique de Shiva, c’est un aigle aux ailes déployées ;  il vole à la vitesse de l’éclair et combat sans cesse les serpents qui représentent les forces démoniaques qui mettent en péril l’harmonie universelle.
Autre forme de  Prométhée, il vole aux dieux l'amrita (l’ambroisie) pour la donner aux hommes, mais en est empêché par une ruse d’Indra, le roi des dieux ; mais il réussit à donner aux hommes un substitut de l’ambroisie, le soma, boisson sacrificielle qui permet de gagner la vie éternelle …
Protecteur (lutte contre les serpents et les animaux venimeux), il est savant et parfois représenté avec des bras tenant un livre.
On le retrouve aussi souvent soutenant le toit d’un édifice , comme dans les photos suivantes :




lundi 10 janvier 2011

Le barattage de la mer de lait

Le thème apparait dans la plupart des sites khmers, le plus connu et le plus achevé esthétiquement étant celui d'Angkor Vat.
Je l'ai trouvé aussi reproduit plutôt fidèlement à l'entrée de notre hotel :

on distingue les détails qui permettent de bien reconstituer le mythe :
Le déluge a détruit tous les vivants mais aussi englouti des « trésors » (ambroisie, arbre de vie, vache d’abondance).
Dieux et démons sont devenus mortels et ils deamndent l'aide de Vishnu, Celui-ci, sous la forme d’une tortue plonge au fond de l’abime pour rapporter ces trésors nécessaires à l’harmonie universelle.

Puis, après avoir versé des herbes magiques dans la mer, Dieux et démons enroulent le gigantesque serpent Vâsuki autour du mont Mandara qui a été renversé et qui pivote,  appuyé sur la tortue  Kûrma, pour baratter la mer.
Au bout de mille ans, des trésors apparaissent (et ils seront l'objet de convoitises qui améneront d'autres récits au mythe)  :
  • Kâlakûta ou Hâla-Hala, un poison violent que Shiva boit avant qu'il ne se répande et détruise le monde ; c’est pour cette raison que les peintres le représentent avec une marque bleue à la gorge. Cependant quelques gouttes s'échappent et sont  léchées par les serpents et les scorpions et sont à l'origine de leur venin ;
  • Surabhî, la vache d'abondance, source perpétuelle de lait et de beurre, qui satisfait tous les besoins ;
  • Vârunî, la déesse du vin, roulant des yeux, fille de  Varuna (dieu des rivières ) Pârijâta, l'arbre du paradis au parfum inestimable ;Chandra , la lune dont Shiva para sa chevelure ; Uchaishravas, le cheval blanc, l'ancêtre de tous les chevaux, dont les sept bouches symbolisent les sept couleurs de l'arc en ciel ; Airâvata, l'éléphant blanc qui devint la monture d'Indra ;les Apsaras ou nymphes célestes ;Shrî (Lakshmi), la déesse de la beauté et de la fortune, assise sur un lotus ;Kaustubha, la conscience sans défaut, le joyau qui orna ensuite la poitrine de Vishnu, et de son avatar Krishna ;et enfin Dhanvantari, le médecin des deva (déesses) - souvent considéré comme un avatar mineur de Vishnou et futur roi de Kashi - tenant dans ses mains une coupe, Kumbha, pleine d'amrita, le nectar d'immortalité.
Personnellement, j'aime beaucoup cette sculpture d'un temple proche de Phnom Penh , d'un style plus rustique sans doute, mais où les détails sont présents :

Les détails de la fresque d'Angkor Vat, par contre sont beaucoup plus lisses et témoignent d'un art très achevé :


On distingue bien Vishnu et son avatar, la tortue Kurma , Indra qui volète au-dessus et les délicates Apsaras  en fresque survolant Devas (dieux) et Asuras (démons) .



L'origine du monde


La Roue
Symbole important : il renvoie à la  Représentation de l’Univers  dans la cosmogonie hindoue

Au début, il n’y avait ni être ni non-être, que l’eau indistincte, où l’Un  prit naissance. 
L’univers est éternel, il se déploie à partir d’un germe originel, lui-même reste d’un univers précédent, atteint son apogée puis vieillit, dépérit et se résorbe ensuite en un germe qui donnera naissance à l’univers suivant.
Au contraire de la Genèse, la métaphysique hindoue pose en principe de toutes choses une vibration sonore et inarticulée et éternelle dont les virtualités existentielles s’organisent en univers également éternel. Dans le symbolisme du son, chaque univers est en quelque sorte l’écho du précédent. On dit qu’Ôm se  propage indéfiniment en ondulations, chaque vague est un moment du devenir, chaque creux une pause de son déroulement.
 On dit aussi que la fleur de lotus ( d’où sort Brahma, le créateur) s’épanouit sur le nombril de Vishnu lorsqu’il dort sur le serpent Sesha pendant la nuit cosmique séparant la résorption d’un univers de l’apparition d’un autre.
Un dieu comme Vishnu veille à ce que le temps cyclique s’écoule harmonieusement, comme une roue qui tourne sans à-coups. Mais des forces malignes s’efforcent de perturber le processus en provoquant une dissolution prématurée de l’ordre cosmique.

Brahmâ
Première personne des dieux souverains (avec Vishnu et Shiva) ; il apparaît comme le père, le créateur, potier, architecte forgeron, la nécessité lui enjoint de produire le monde, d’accomplir l’œuvre.
Il est représenté debout, les pieds posés sur un lotus : celui-ci représente la terre telle qu’elle apparut à l’origine, flottant sur les eaux.


On le représente souvent avec une tête à quatre faces, chacune regardant un des points cardinaux. Il possède aussi 4 bras pour tenir les attributs qui sont les siens : le Véda, livre sacré, un sceptre royal, des ustensiles rituels (il est l’instaurateur des cultes), et une cruche contenant de l’eau (symbole de la fécondité).

Ses quatre têtes s'expliquent par la légende suivante : lorsqu'il était en train de créer l'univers, Brahmā engendra une déité féminine nommée Shatarupa  (celle aux cent formes superbes). Brahmā en tomba immédiatement amoureux. Shatarûpa se déplaça alors dans de nombreuses directions pour éviter le regard insistant de Brahmā. Mais, Brahmâ se créait une tête pour pouvoir continuer à la voir. À la fin, il en eut cinq, une pour chaque direction cardinale et une pour regarder au-dessus.
Dans le but de contrôler le dieu, Shiva coupa la tête supérieure, mais lorsqu'il apprit que Shatarûpa était la création (fille?) de Brahmā, il décida que c'était inconvenant pour lui d'en être obsédé et décréta qu'il n'y aurait pas de lieu où il serait vénéré.  Depuis cet incident, Brahmā récite les quatre Veda en pénitence.
Il n'existe qu'un temple hindou qui lui est consacré. Par contre, sur  le site d'Anghkor,  on trouve des représentations qui nous rappellent  son existence, comme ici la porte sud d'Angkor Thom :